De la Groote Gulde au présent

L’Ancien Grand Serment Royal et Noble des Arbalétriers de Notre Dame au Sablon que les Bruxellois dénomment plus brièvement « Le Grand Serment » a été dondé an l’an 1213, si on s’en réfère  à la tradition.

En réalité, il y avait à Bruxelles des arbalétriers bien avant cette date, mais organisées sur un plan plus strictement militaire par le duc de Brabant.

Celui-ci régnait sur un vaste territoire qui englobait les actuels Brabant Belge et Hollandais, les deux Limbourgs jusqu’au Rhin et Anvers.L

e duché, entouré de voisins envieux de sa position centrale et soucieux : de ne pas laisser le duc prendre une position trop importante, comptait les arbalétriers parmi ses troupes les plus aguerries et les plus fidèles.

Lorsqu’en cette année 1213 précisément, une troupe de pillards du Comte de Flandre attaque une noce qui banquetait en l’auberge « Het Cattenhuys », les arbalétriers viendront prêter main forte aux invités et cette action déterminera le duc, du moins suivant la tradition, à doubler l’organisation militaire des arbalétriers par une structure plus civile (Gilde ou Serment), lui octroyant privilèges et droits, fixant ses obligations, le nombre de ses membres, etc…

C’est ainsi qu’en 1314, le duc Jean III interdit toutes autres corporation de ce type, même dehors de l’enceinte de la ville, et supprime en conséquence la Gilde de St Laurent installée au Marais aux Cygnes l’incorporant en fait au Grand Serment.

En remerciement de l’aide prépondérante apportée par les arbalétriers Bruxellois lors de la campagne de 1301 contre les Malinois révoltés, le duc leur accorde en 1304 la propriété d’un terrain au Sablon, jusqu’alors dépendances des religieuses de l’Hospice St. Jean.

C’est sur ce terrain que les Compagnons du Grand Serment feront construire une chapelle qui recevra en 1346 la statue de Notre Dame « op ‘t stocksken » (sur la branche) que la légende fait apporter d’Anvers à Bruxelles, par voie d’eau, à l’instigation du Roy du Tir de l’époque.

Cette représentation du transport fluvial de la vierge du Sablon est aujourd’hui encore la marque distinctive du Serment en que portent les dignitaires aux Grandes circonstances.

Propriétaire d’une chapelle, intéressé dans la gestion d’un Hospice, organisés militairement et civilement, rassemblés en confrérie religieuse, jouissant enfin de la faveur et de la protection du souverain légitime est des magistrats de la Cité, les compagnons du Grand Serment forment une chevalerie bourgeoise aussi prisée que la noblesse traditionnelle.

Leur puissance et leur renon atteindront en sommet lorsqu’en 1615, l’archiduchesse Isabelle abattra au milieu des Compagnons, l’oiseau qui, en haut de la tour de l’église du Sablon, doit désigner le Roy de l’année, Isabelle accepte le titre au milieu de l’allégresse générale et traite fastueusement, non seulement le Serment, mais ; plus charitablement les jeunes orphelins de la Ville.

L’ommegang, ou procession du Sablon, sera également cette année-là l’un des plus beaux et son faste se déroula au milieu d’un concours extraordinaire du peuple depuis le Sablon jusqu’à la Grand Place, où le Serment avait sa salle de réunion au 1er étage de la Broodhuys (Halle des Boulangers), le Grand Serment, qui était à l’origine de cette procession a laquelle participeront bientôt les autres Gildes armées, d’archers, d’arquebusiers et escrimeurs, les métiers et tous les corps constitués de la Cité, collabore encore aujourd’hui aux bruxellois qui sont, pour la Ville, une image de marque de son histoire et de sa grandeur.

Après avoir fixé un dernier rôle prépondérant lors de la révolution brabançonne de 1789 le Serment du officiellement dissous par l’occupant français de 1794 ; ses trésors et locaux furent vendus comme biens nationaux et des drapeaux iront ornés les vutes des Invalides à Paris comme trophées pris par les Révolutionnaires aux réactionnaires.

Dès 1818, il sera cependant à nouveau question d’arbalétriers dans la bonne ville d Bruxelles, une société qui comprend encore quelques confrères de l’ancien régime sacrifiant au gout romantique de l’époque prendra patronage de « Robin des Bois ».

En 1842 est élevée au rang de société Royale (la 2ieme du pays) et change son appelation en société D’arbalétriers de Monseigneur le Prince Philippe.

En octobre 1853 S.M. Léopold Ier l’autorise à restaurer l’Ancien Grand Serment des Arbalétriers de Bruxelles dont elle reprend le nom et dont elle retrouve les marques héraldiques sur la bannière que le Roi, en Compagnes des Grands Noms de la Noblesse Belge, Leurs remet personnellement au palais de Bruxelles.

La vie moderne n’est pas tendre pour une vieille Compagnie comme le Grand Serment des Arbalétriers ; après avoir vécu pendant 80 années dans une aimable ginguette derrière les Brigittinnes, l’urbanismes tentaculaire a délogé les Compagnons de ce havre de paix et ils se retrouvent aujourd’hui au 65 de la rue de Ruysbroeck (ils tiennent a rester de vrais Bruxellois).

Ils y accueillent tous les vendredis soir tous ceux bruxellois ou visiteurs de notre cité qui désirent se retremper dans une atmosphères d’authentique folklore et pratiquer le noble sport de l’arbalète.


Charles Declercq

President de
L’Ancien Grand Serment Royal et Noble des Arbalétriers de Notre Dame au Sablon
 (1976, jubilée des 50 ans de la Fédération Nationale des arbalétriers à balle de Belgique)