Un drapeau n’est pas qu’une étoffe attachée à une hampe. À l’origine l’étoffe est agrémentée de couleurs au moyen de broderies ou de peinture surchargées de lettres, de chiffres, de figures animales, de Saints Patrons ou de devises pour servir de signe de ralliement, d’emblème qui incarnent la personnalité, collective sinon symbolique d’un groupe ou d’un pays portant les couleurs d’une nation, d’une ville, d’une compagnie, d’une formation militaire et dans notre cas d’une association historico-sportive.
A la fin des croisades apparait le drapeau comme marque distinctive et flottante des troupes militaires.
Le drapeau de la Gilde est un symbole, une icône. Il concrétise l’attachement aux valeurs fondamentales et leur respect, valeurs que tout Compagnon s’engage à défendre. Traditionellement, le drapeau des Gildes brabançonnes est du format militaire bourguignon et frappé de la croix de Saint-André dite ‘de Bourgogne’ formée par deux bâtons croisés en diagonale.
Les couleurs de fonds des drapeaux des Gildes sont le blanc et le jaune ; le rouge pour la croix de Saint-André. Ils sont bordés de motifs verts ou bleus et ont leurs symboles propres ainsi que des mesures conventionnelles : 2X2m ou 3X3m.
L’Alphère (porte-drapeau) se tenait aux côtés du commandant et servait de point de ralliement au combat, d’où son caractère particulièrement symbolique. Par différents mouvements imprimés au drapeau, sont indiqués différents mouvements de marche, d’attaque etc. Les transmissions militaires se développant, les mouvements des drapeaux ne conserveront plus qu’un aspect de tradition dont ‘le jeu du drapeau’ au sein des anciennes Gildes est une survivance.
Aujourd’hui l’Alphère est le Compagnon qui porte en toutes circonstances le drapeau de sa Gilde en respectant la tradition. Il est chargé de la garde du drapeau lors de sa sortie ; il en est responsable tant que le drapeau n’est pas rentré à la Gilde où il doit le déposer. L’Alphère est minutieusement choisi, car il doit être irréprochable dans sa conduite et sa tenue. De même, il ne se sépare jamais de son drapeau lorsqu’il participe à une cérémonie.
L’Alphère porte le drapeau droit, le baudrier se porte par-dessus l’épaule droite. Il est à noter que l’Alphère ne doit jamais se découvrir à l’intérieur des édifices religieux.
Il est des traditions qui perdurent dans le Noord-Brabant, comme l’adieu au Compagnon arbalétrier. Au cimetière l’Alphère fait tournoyer le drapeau au-dessus du cercueil prêt à être descendu dans la fosse. En fin de jeu du drapeau, il incline l’étoffe, la pointe vers l’avant, sur le cercueil jusqu’à ce -qu’elle touche celui-ci. Le drapeau, marque suprême de la Gilde, est mort comme est mort le Compagnon.
Pendant l’Ancien Régime, l’Alphère pouvait jouir d’avantages pécuniaires comme chez les arbalétriers d’Enghien en 1577 :
Au susdit Hans Grimbergh pour avoir porté l’ensigne luy a este donnet et acheté
une paire de gand (une paire de gants)
Un deuxième exemple rapporte :
Le 28 août 1740, l’on a accordé le drapeau au sieur de Vroede aux mêmes gages et émoluments
Comme en a joui son prédécesseur par voix unanime des confrères.
Demeurons dans la tradition et le respect des valeurs fondamentales du Compagnon arbalétrier. Portons notre attention sur le chœur de l’église qui fut naguère la chapelle corporative des arbalétriers du Grand Serment de l’Arbalète.
Vous assistez à la Consécration des Roys de l’arbalète pratiqué aux quatre disciplines dans les mains de son chapelain.
François Samin
Doyen de la Gilde
(2019, extrait du fascicule de la Grand Messe Solennelle de Consécration des Roys)