Date anniversaire 1348 - 2018

L’Ancien Grand Serment des Arbalétriers de Bruxelles commémore cette année le 675ieme anniversaire du transfert à Bruxelles d’une statue de la Vierge, honorée à Anvers sous le vocable de « Onze-Lieve-Vrouw op ‘t Stoksken » (Notre-Dame sur la branche)

La légende :

Il y a sans doute du vrai dans cette légende, au moins un enseignement, sinon une vérité toute relative à laquelle des hommes accordèrent foi.

Brigitte Twyfels – 1997

L’an 1348 serait la date retenu par la tradition orale, qui apporte qu’une femme nommée Béatrice Soetkens amena à Bruxelles une statue de la Vierge qui était vénérée à Anvers. Béatrice arriva à Bruxelles en remontant l’Escaut et la Senne sur une barque dirigée par un marin. Elle fut reçue par le duc Jean III, le magistrat, les métiers, et les arbalétriers, avertis par la rumeur. Ils transportèrent avec pompe dans la chapelle des arbalétriers au Sablon, la statue de la Vierge, sous la forme de Notre-Dame à qui on adjoint la dénomination du lieu – opten Zavel.

La légende connait plusieurs variantes, dont celle-ci plus contemporaine :

Un arbalétrier du Grand Serment de l’Arbalète se préparait à « descendre en Ville » pour se rendre au concours solennel dit l’huedeken. Au bord de la Senne, notre homme vit venir une barque avec une femme portant un enfant, qui lui demanda de bien vouloir les conduire à la fête.
L’arbalétrier s’exécuta avec complaisance ; mais au moment de débarquer, la dame disparut dans un cercle de lumiére… non sans promettre la victoire à son bénévole servant. L’arbalétrier fut ce jour-là promu vainquer du concours.
Dès lors, la confrérie tout entière se mit protection de Notre-Dame.

André V. Gillet défend l’idée que le transport miraculeux par voie d’eau trouverait son origine dans l’ « Ave Maria Stella » (salut étoile de la mer) à mettre en relation avec la signification du nom Mariam, forme juive de Marie. La plus ancienne version de la légende est rédigé en 1483 (Novale Sanctorum) par le frère Johannes Gielemans, chanoine régulier du Rouge-Cloître.

L’ancienne statue de bois polychrome disparut, en 1580, sous la coupe des calvinistes, ces hérétiques briseurs d’image qui saccagèrent l’église du Sablon. La statue fut remplacée par une plus costaude…, comme un robuste troc d’arbre, dixit un chroniqueur.

* L’Ommeganck, enfant de l’arbalète :

Il fut décidé de commémorer annuellement l’arrivée à Bruxelles de Notre-Dame au Sablon par une grande procession ; l’Ommeganck était né.
Une procession sortie est attestée en 1359 par un document qui stipule que la ville payait au Grand Serment de l’Arbalète un subside annuel montant à quarante schellings ou deux livres ; une partie de cette somme couvrait les frais du festin que la Confrérie donnait le jour de l’Ommeganck. Lors de la reconstitution de l’Ommegang, en 1930, Béatrice Soetkens prend l’apparence d’une … Bruxelloise, aussi intrépide que mystique. Le marin, pilote de la barque, devient le mari de Béatrice. Cette interprétation plaira aux Bruxellois qui vont adopter cette version…

La marque de la «Groote Gulde :

L’effigie de la Vierge à la barque, devenue la marque du Grand Serment de l’Arbalète éclipsera le patronage de Saint-Georges, patron des arbalétriers.
Le graphisme de la barque se retrouve sur nos insignes, drapeaux et papiers officiels, tout comme dissimulé au sein de sa chapelle, aujourd’hui une église bien représentative de son histoire et de ses traditions.

Des représentations de la Vierge à la barque sont localisées dans l’édifice de style ogival tertiaire :

  • Dans le plafond du sas en bas-reliefs de stuc au-dessus de l’entrée du portail principal. Elle est accompagnée d’arbalètes avec arcs en bois composite, et est entourée d’arabesques.
  • Dans unes des chapelles du collatéral droit est amarrée une barque grandeur nature polychrome.
  • Dans la septième chapelle s’élève l’autel (contemporain) des Serments où trône Notre-Dame à la branche. La légende figure sur la porte du tabernacle de l’autel.
  • Assise au centre de la rosace, la barque domine le portail latéral sud (côté rue de la Régence) depuis 1625. Le portrait du donateur, médecin des Archiducs Albert et Isabelle, est peint dans un médaillon sur le bordage de la barque.
  • À droite dans le chœur (coté Épitre), la barque de la légende et le blason du Grand Serment figurent en peinture murale.
  • Également au pilier du transept nord, sur une bannière de format processionnel au fond de velours rouge.
  • Une clef de voûte (1868) présentée entre le sas d’entrée et le collatéral gauche (nord).
  • Au gros pilier dans le transept nord-est accroché un bas-relief ovale en bois qui représente la légende.

 Le Grand Serment conserve des traces de sa marque dans son glorieux passé, par exemple :

  • Au XIIe siècle, le sceau de la chapelle du Sablon met en évidence la Vierge sur une ébauche de barque encadrée de deux écus avec arbalétriers.
  • L’en-tête du texte du serment que devaient prononcer les Maîtres de Chapelle était entouré de quatre arbalètes sur une barque bien complète. Un premier cahier de ce registre date de 1499.
  • La marque du Grand Serment de l’Arbalète est frappée sur une face d’un jeton ou méreau portant la date 1560 en l’invocation « O Mater Dei, Memento Nostri », et au revers, une arbalète, l’année et la légende « Teekene van den grooter gulden te Brueselen (jeton de la Grande Gilde de Bruxelles).
  • La masse du bedeau de l’église est surmontée de la barque de la légende.
Ami lecteur, en assistant à la messe solennelle, vous aurez l’opportunité de découvrir la légende de la Vierge a la barque, mais encore, le privilège d’assister à la cérémonie de consécration des Roys de l’Année aux quatre disciplines.


François Samin

Doyen de la Gilde
(2018, extrait du fascicule de la Grand Messe Solennelle de Consécration des Roys)